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Commerce

Les écoles de commerce sont-elles entrepreneuses ?

08.08.2017
Ecoles Post-Bac

Google ou Facebook.

Deux parfaits exemples des « success stories » américaines.

Deux entreprises dont les fondateurs sont des ex-étudiants d'une vingtaine d'années.

Mais ce genre d'histoire est-elle réservée aux universités américaines ?

Peut-on espérer voir un jour nos étudiants en écoles de commerce afficher un tel niveau de réussite ?

Une vision de l'enseignement supérieur qui diffère entre les Etats-Unis et la France

La conception de l'enseignement supérieur est radicalement différente entre les Etats-Unis et la France. Outre-Atlantique, les universités privilégient l'accomplissement personnel et valorisent fortement le sens de l'initiative et la prise de risque. Par la suite, sur le marché du travail, un recruteur juge avant tout un candidat sur son parcours global et les talents qu'il a pu exprimer.

En France, le culte du diplôme domine tout. Il définit avec précision les perspectives professionnelles de chacun. Et essayer de s'en affranchir est un véritable parcours du combattant. Plus précisément, durant leurs études, les étudiants sont plongés dans la culture du concours. Elle leur permet d'acquérir de solides connaissances théoriques et une vraie endurance au travail. Mais cela ne constitue pas nécessairement les qualités premières pour un entrepreneur.

Une sous-valorisation de l'entrepreneuriat en France

Goût du risque, audace, créativité sont autant de qualités fortement valorisées aux Etats-Unis. En France, on préfère rappeler aux étudiants en école de commerce tout le prestige attaché à des carrières dans des gros groupes industriels ou financiers. Comment renoncer à des perspectives professionnelles élevées, à un salaire plus que confortable, à une reconnaissance sociale marquée, pour se lancer dans un projet coûteux en temps, en énergie et en argent, mais surtout au retour sur investissement plus qu'incertain ? Et que dire des brillants ingénieurs qui préfèrent peupler les grands corps de l'Etat ou les salles de marché plutôt que de créer leur entreprise.

Résultat, à la sortie des grandes écoles de commerce, il y a en moyenne 3% à 5% des étudiants qui tentent l'aventure de l'entrepreneuriat. En revanche, la moitié de chaque promotion opte pour les métiers du conseil et de la finance.

Condamné à perpétuité pour échec

Qui dit création d'entreprise, dit goût du risque. Qui dit risque, dit possibilité d'échec. Et c'est à ce niveau que le bât blesse. Si aux Etats-Unis, l'échec est valorisé, en France, il est blâmé et reste très négativement connoté sur un CV. Un recruteur considère l'auteur de l'échec comme quelqu'un qu'il vaut généralement mieux éviter de recruter. Comment alors inciter des étudiants à courir un tel risque pour leur carrière ? Cette problématique culturelle n'évoluera que très lentement, car c'est avant tout aux mentalités de se transformer… ce qui n'est chose aisée.

Les écoles de commerce en pointe pour soutenir l'entrepreneuriat

Les écoles de commerce cherchent désormais à intensifier leurs efforts pour favoriser la création d'entreprise. Certes, elles ne prétendent pas créer spontanément une culture entrepreneuriale chez les étudiants. Mais elles cherchent à favoriser des leviers qui lui sont propices.

C'est le cas avec les incubateurs d'entreprise. Structures entièrement dédiées à la création d'entreprises, ils apportent un soutien humain, financier et technique aux étudiants qui ont un projet durant leurs études. Les plus prestigieuses écoles de commerce que sont HEC, l'ESSEC, l'ESCP Europe, l'EM Lyon et l'EDHEC en sont désormais dotés. Les écoles multiplient également des cours, voire des filières spécifiquement dédiés à la création d'entreprise. L'ESSEC propose ainsi par exemple une chaire dans l'entrepreneuriat social. L'EM Lyon possède un programme start-up à destination de ceux qui souhaitent bénéficier d'une formation solide avant de lancer leur entreprise. Audencia dispose d'une filière Entrepreneur et dirigeants, en partenariat avec une université américaine.

La crise soutient l'envie d'entreprendre

La crise a probablement eu le mérite de solidifier l'envie d'entreprendre chez les étudiants. Le gel des recrutements, le temps plus élevé de recherche du premier emploi ou les perspectives salariales moins alléchantes ont incité davantage d'étudiants à se tourner vers la création d'entreprise. En prime, le cadre législatif français évolue également dans le sens d'un plus grand soutien à l'entrepreneuriat (par exemple avec le statut d'auto entrepreneur). Ce n'est pas un hasard si la France  a atteint un record de création d'entreprises en 2010 avec 622 000 entreprises créées, soit une hausse de 7,2%.

Alors certes la France n'est pas les Etats-Unis. Mais de vrais efforts sont faits tant au niveau de l'Etat que des établissements d'enseignement supérieur pour promouvoir l'esprit entrepreneurial. Et les récents sondages sont plutôt encourageants : 47% des étudiants souhaitent créer dans les deux ans qui viennent leur entreprise[1]… un atout pour la croissance et l'emploi de demain.

[1] Sondage OpinionWay mai 2010.