Le 6 janvier 2010, le Sunday Times publiait un article sur les écoles de commerce françaises. A la même date, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire L'Express, Christophe Barbier, leur consacrait un de ses éditoriaux filmés.
Le sujet était le même des deux côtés de la Manche : le 23 décembre 2009, la Conférence des Grandes Ecoles exprimait son refus de se voir imposer des quotas d'élèves boursiers. Certaines prises de position du gouvernement Fillon évoquaient alors en effet un désir de voir chaque grande école française admettre 30% de boursiers.
Durant les semaines qui ont suivi, une part du débat a porté sur la question de savoir si ces 30% devaient représenter un « objectif » ou un « quota ».
Mais c'est au fond le principe même de la discrimination positive (ou de « l'affirmative action ») qui était discuté – avec tant d'ardeur que cela a fait écho à l'étranger.
D'abord, parce que nul ne conteste aujourd'hui le rôle de « fabrique des élites » des grandes écoles françaises. Que l'on se réjouisse du règne du concours sur la création des élites ou que l'on déplore les inégalités que le système engendre, les faits demeurent : les élèves diplômés de grandes écoles ont en moyenne plus de chances que leurs homologues issus de l'université ou de formations spécialisées de devenir les dirigeants de demain. Il est donc logique que les modalités d'accès à ces Rolls de la formation fassent l'objet d'un véritable débat public.
Or, c'est là que le bât blesse. On sait depuis Bourdieu et son ouvrage « La noblesse d'Etat. Grandes écoles et esprit de corps » (1989) que les concours d'entrée aux grandes écoles françaises favorisent la reproduction sociale. Bien que cet état de fait ne soit pas intentionnel et relève plutôt de l'orientation générale du système français, il demeure choquant. Pour autant, il n'est pas de réponse consensuelle à ce problème.
D'un côté, on trouve les défenseurs de la discrimination positive – c'est-à-dire, ceux qui estiment qu'il faut mettre en place des quotas d'élèves boursiers ou issus de ZEP au sein des grandes écoles. A l'instar du directeur de Sciences-Po Paris, Richard Descoings (qui a mis en place un tel dispositif depuis 2001), ils estiment que c'est le meilleur moyen d'introduire une forme de diversité dans les élites françaises.
De l'autre, il y a ceux qui y voient un danger pour le niveau des écoles et/ou pour les principes républicains. Pour eux, il y a un risque à faire intervenir dans l'admission des critères ne se rapportant pas à la personnalité et aux compétences des futurs étudiants – d'abord parce que cela aboutit, à talent égal, à en privilégier certains par rapport à d'autres ; et ensuite parce que cela pourrait affecter la crédibilité des diplômes des écoles (qui repose entre autres sur leur sélectivité).
Tous sont d'accord pour dire qu'il faut soutenir les élèves qui ont eu une scolarité moins facile que d'autres. La question est de savoir comment procéder : faut-il apporter un soutien éducatif (en proposant, par exemple, des préparations gratuites aux concours des grandes écoles) ? Instaurer des quotas ? Promouvoir les filières ne reposant pas sur l'entrée par concours ? Ou, à l'instar d'HEC, proposer une gratuité totale du cursus académique pour tous les boursiers d'Etat ? Les options sont ouvertes – et c'est un débat que les équipes d'Aurlom suivent de près !
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