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Commerce

Portrait d’entrepreneur : Anita Roddick

15.11.2011
Ecoles Post-Bac

Anita Roddick

« Je ne veux pas uniquement un projet dans lequel investir. Je veux un projet dans lequel je puisse croire », disait Anita Roddick

Connue pour ses convictions éthiques, humanistes, et écologiques, cette entrepreneuse anglaise cadre assez mal avec la vision classique du « tycoon », cette figure du capitalisme que l'on associe souvent aux ambitieux sans scrupules. Par opposition, nous avons plutôt tendance à imaginer ceux qui se préoccupent véritablement d'éthique et d'écologie comme des acteurs de la sphère humanitaire, incapables de survivre dans la jungle de la sphère économique.

Anita Roddick a prouvé, magistralement, le contraire. J'en veux pour preuve un bilan succinct : à sa mort en 2007, à l'âge de 65 ans, Anita Roddick avait : - créé de toutes pièces un véritable empire commercial, en développant la chaîne « The Body Shop » rachetée en 2006 par L'Oréal pour la coquette somme de 760,3 millions d'euros. Pour information, en 2007, la franchise The Body Shop comprenait près de 2.000 magasins dans 51 pays, et employait au total environ 6.000 salariés. Son chiffre d'affaires était évalué à près de 272,9 millions d'euros par an.

  •  fondé l'association caritative « Children On The Edge », qui agit pour la protection et de défense des droits de l'enfant au travers du monde – avec un focus particulier sur les enfants victimes de guerres ou de conflits de basse intensité, de désastres naturels, de handicaps, ou touchés par le SIDA. Elle agit en aux moyens de partenariats avec la société civile locale, ou, le cas échéant, en lançant sur place ses propres programmes avec l'aide de bénévole locaux. Elle agit avec succès depuis bientôt 20 ans. 
  • milité ou agi, que ce soit au travers de son activité commerciale, caritative, ou personnelle, pour des causes aussi diverses que l'abolition des clichés de la beauté féminine (poupée « Ruby » du Body Shop, bien avant la campagne « Real Beauty » de Dove : http://www.anitaroddick.com/images/ruby_poster.jpg), pour le commerce équitable, pour la production éthique, pour la recherche sur l'hépatite C, pour la protection de l'enfance, et même pour une certaine forme de rapport à la société (investissement personnel au sein du conseil d'administration du média « Mother Jones », et du think tank Demos, basé au Royaume-Uni 

Au-delà de la faculté remarquable de Mme. Roddick à conjuguer plusieurs carrières et plusieurs engagements au sein d'une seule vie, il est intéressant de constater que la plupart de ses actions émanent d'abord de décisions d'engagement personnel, ne reposant pas nécessairement sur une visée globale : lorsqu'elle a créé le premier Body Shop, en 1976, Anita Roddick cherchait simplement un moyen de nourrir sa famille et de gagner un peu d'argent pendant que son mari était envoyé, pour son travail, aux Etats-Unis. Son choix de ne vendre que des produits « naturels » n'émanait pas d'un quelconque positionnement marketing, mais simplement de son envie de proposer à la vente certains des produits qu'elle avait pu rencontrer au cours de ses nombreux voyages (début des années 70). Quant à la peinture verte qui devait devenir la signature de ce magasin écolo, la légende veut qu'elle n'ait été utilisée à l'origine que pour masquer les tâches d'humidité sur les murs du petit local qu'elle louait pour l'occasion, entre deux maisons de pompes funèbres. De même pour la création de COTE : l'idée de militer pour les droits de l'enfants lui est venue après un voyage en Roumanie où elle a été confronté à la misère des orphelins de l'ère Causescu – et c'est en Roumanie que COTE a mené ses premières actions.

En conclusion, rappelons qu'Anita Roddick avait été décorée en 2003 par la reine Elizabeth II, qui l'avait nommée Dame Commander of the Order of the British Empire (NB : L'Order of the British Empire est un ordre de chevalerie britannique, qui vient récompenser ceux, qu'ils soient militaires ou civils, qui se sont distingués dans le service de la Grande Bretagne ou dans la mise-en-œuvre d'actions remarquables par leur valeur). Cette distinction reconnaît non seulement la valeur de l'œuvre de Mme. Roddick, mais aussi celle du symbole qu'elle représente : pour reprendre les mots de Richard Branson, patron du groupe Virgin, « [ il faut lui reconnaître le fait d'avoir] montré la voie, montré au monde que la réussite en affaires peut aller de pair avec la volonté d'améliorer le monde ».

Espérons que c'est là un exemple qui fera beaucoup d'émules !