La réforme du lycée initiée en 2018 a apporté des changements significatifs aux écoles d'ingénieurs en France, posant des défis accrus en matière de recrutement. Une conséquence majeure a été la dévalorisation des mathématiques en tant que matière obligatoire, entraînant un désintérêt croissant, en particulier chez les filles et les élèves issus de milieux modestes.
Trois ans après la réforme, le nombre de filles suivant deux spécialités scientifiques, dont les maths, a chuté de manière spectaculaire, enregistrant une baisse de 61 %. L'équité sociale a également émergé comme un enjeu, avec 64 % des élèves favorisés continuant les maths, contre seulement 44 % pour les défavorisés.
Dans cette réalité complexe, les écoles d'ingénieurs se trouvent confrontées à la nécessité de repenser leurs critères de sélection et de s'adapter aux profils divers des nouveaux bacheliers. Certains établissements assouplissent leurs exigences pour attirer des étudiants sans une solide base mathématique, mais la question de l'équité sociale reste préoccupante. Les femmes sont particulièrement touchées, la réforme les incitant à des combinaisons de disciplines moins orientées vers les sciences. Pour promouvoir la diversité, les écoles mettent en avant des "rôles modèles" et adaptent leurs processus de sélection pour valoriser le contrôle continu, favorisant ainsi les filles.
Les chiffres montrent que la situation est critique, avec une diminution significative du nombre de filles s'engageant dans des filières scientifiques. Face à cela, les écoles d'ingénieurs doivent relever le défi d'accueillir des étudiants aux profils diversifiés tout en maintenant des normes académiques élevées. Cela nécessite une adaptation des méthodes de sélection et une prise en compte plus nuancée des performances des élèves tout au long de leur scolarité. Certains établissements expérimentent des solutions, mais il est clair que la question de l'équité sociale demeure complexe et multifacette.
L'analyse de la répartition des effectifs et de la participation féminine en cycle ingénieur selon le domaine de formation offre un aperçu essentiel de la dynamique actuelle au sein des écoles d'ingénieurs. En ce qui concerne la part des femmes, la répartition montre des différences marquées selon les domaines. Des filières telles que l'agriculture et l'agroalimentaire, la chimie, génie des procédés et sciences de la vie, ainsi que les sciences physiques, mathématiques et statistiques, présentent des pourcentages élevés de femmes, dépassant même la barre des 30%. À l'inverse, des domaines tels que l'électronique, l'électricité, ou l'ingénierie et techniques apparentées, affichent des proportions plus modestes.
Ces disparités entre les domaines soulignent l'importance de promouvoir la diversité et l'inclusion dans le domaine de l'ingénierie. Des initiatives visant à encourager la participation des femmes dans des secteurs historiquement masculins peuvent contribuer à équilibrer ces disparités. En outre, l'analyse de ces données peut être utile pour orienter les politiques éducatives et les efforts visant à attirer un éventail plus large d'étudiants vers les différentes spécialités de l'ingénierie.
Source : CDEFI - panorama 2023 des écoles d'ingénieurs