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Réussir son Grand Oral du bac : se débarrasser de vos tics de langage

Modifié le 28/11/2023

"Grave, de ouf, j'avoue, carrément, genre, bref, en mode, du coup" : les tics de langage sont partout, dans toutes les conversations. Mêmes les vôtres ! Et pour le Grand Oral du bac, il serait bon de vous en débarrasser.

On vous dit comment faire avec un spécialiste, Guillaume Villemot. Fondateur du Festival des conversations et auteur du livre « Osez les conversations » (Éd. Eyrolles), Guillaume Villemot décrypte pour nous le tic verbal. Il est en persuadé. Si vous les détectez, vous avez fait le plus gros. 

Aurlom : On parle souvent des tics de langage des jeunes. Vous nous confirmez que tout le monde en a ?

Guillaume Villemot : Oui absolument. Tout le monde a des tics de langage. Ces tics sont d'ailleurs différents selon les époques, il y a des modes. Cela vous permet quand vous parlez avec quelqu'un au téléphone de savoir, si vous y prêtez attention, quel âge a votre interlocuteur. Les tics de langage sont des marqueurs générationnels, mais pas seulement. Ils peuvent être un signe de reconnaissance.

A partir de quand une expression comme “de ouf” devient un tic de langage ?

Guillaume Villemot : Ça devient un tic verbal quand on ne fait plus attention à savoir si son interlocuteur est capable de comprendre ce qu'on dit. Autre signe, vous n'avez plus conscience de le dire, il est devenu comme une sorte de ponctuation dans votre phrase.

On dit que le tic verbal est une béquille. Ça signifie quoi ? 

Guillaume Villemot : Ça nous protège, nous rassure. C'est un mot-valise sur lequel on s'appuie pour marquer une pause entre deux phrases ou pour réorganiser sa pensée et penser à ce qu'on va dire après. Le tic verbal s'accompagne souvent d'une posture. Le “heu”, le “voilà” vont peuvent se traduire devant le jury du Grand Oral du bac par un regard fuyant ou des mains qui triturent un stylo.

Comment faire pour les détecter ?

Guillaume Villemot : Très simple et assez basique. On se filme, on s'enregistre et on s'écoute. A partir du moment où vous les détectez, ça va se corriger instantanément.

Pour éviter les tics de langage, il suffirait juste de prendre conscience de ce qu'on dit. Alors pourquoi est-ce si compliqué ?

Guillaume Villemot : Parce que si vous avez la pleine conscience de ce que vous dites quand vous le dites pendant votre Grand Oral du bac par exemple, vous allez commencer à ralentir votre débit, en détachant les mots. Vous allez prendre un ton pas très naturel et perdre énormément en spontanéité. C'est comme dans le formidable film "My Fair Lady". Ce film raconte comment un prétentieux linguiste londonien du début du siècle dernier décide de faire d'Eliza Doolittle, une simple fleuriste à l'accent cockney, une grande dame raffinée. Quand elle fait ses exercices et qu'elle veut bien faire, elle surjoue. Là, on est sur une ligne de crête. Il faut trouver l'équilibre entre le contrôle et la fluidité. Si vous vous répétez avant le grand oral du bac, "surtout ne pas dire carrément'", vous allez rester focalisé dessus, vous allez passer à côté de votre épreuve. Et si par malheur, vous dites le mot interdit, vous allez avoir beaucoup de mal à reprendre le fil de votre propos.

Le saviez-vous ? Les femmes et les hommes politiques ont aussi des tics de langage. La sémiologue Elodie Mielczareck en distingue 3 types : Les tics métacommunicants, qui montrent une capacité à communiquer sur son propre discours comme "je vais être clair" ou "pardon de vous dire". Les tics comme "écoutez" qui permettent d'évaluer la relation que l'on a avec celui qui écoute. Enfin, les tics connecteurs qui relèvent du registre cognitif comme "justement", "exactement" ou les conjonctions "bref". Pas certain tout ça soit passé devant le jury du Grand oral du bac. 

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