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La parité est-elle soluble dans l’univers des écoles d’ingénieurs ?

08.03.2024
Ecoles Post-Bac

Dans un univers éducatif en constant changement, les questions d'égalité des genres demeurent au cœur des préoccupations, en particulier dans le domaine de l'ingénierie. Malgré les progrès réalisés ces dernières années, les écoles d'ingénieurs en France continuent de faire face à la faible représentation des femmes dans leurs programmes. D'après l'Insee, avec seulement 28,2 % de femmes inscrites dans les formations d'ingénieurs(2020-2021), le secteur contraste énormément avec les écoles de management, où la parité est presque atteinte.

Un déséquilibre persistant

À la rentrée 2020, la France comptait 2,78 millions d'étudiants dans l'enseignement supérieur, avec une proportion de 56 % de femmes. Si ces chiffres témoignent d'une féminisation globale des études supérieures, ils cachent d'importants déséquilibres, particulièrement dans les filières d'ingénierie. Les écoles d'ingénieurs affichent un taux de féminisation de 33 %, un chiffre qui évolue lentement, mettant en évidence une mixité encore loin d'être réalisée.

Source: INSEE

Des conséquences qui marquent le monde du travail

Cette inégalité de représentation a des répercussions importantes sur le marché du travail. Si l'insertion professionnelle des diplômées est élevée, avec un taux d'emploi net de 90 % pour les femmes contre 92 % pour les hommes, l'écart de rémunération reste frappant. De ce fait, le salaire annuel moyen des jeunes diplômées s'établit à 36 400 €, contre 39 100 € pour les hommes, montrant un déséquilibre salarial dès l'entrée dans la vie active.

Focus sur la parité à l'Insa Lyon
Avec une parité presque parfaite (les étudiantes représentent 42 % des 5400 élèves - et même 47 % en première année), l'INSA Lyon se démarque dans l'univers masculin des écoles d'ingénieurs. Pour y arriver, l'école a mis en place une stratégie engagée visant à favoriser l'égalité des chances et à promouvoir la diversité, tant au niveau des admissions que dans le déroulement des études et l'accompagnement des étudiantes. Voici ses actions :
>> Valorisation des noms de femmes remarquables pour désigner des bâtiments sur le campus.
>> Évaluation des aptitudes basée sur la régularité, l'opiniâtreté et l'investissement dans le temps plutôt que sur la performance ponctuelle.
>> Proposer des filières artistiques et culturelles telles que la section "Musique études" et intégrer les sciences humaines et sociales dans les cursus.
>> Sensibilisation à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dès l'intégration.
>> Mise en place de mécanismes d'alerte en cas de propos ou gestes déplacés.
>> Organisation d'ateliers pour aider les étudiantes à gérer le stress et à minimiser les erreurs.
>> Promotion de role models féminins, comme des vice-présidentes d'entreprise, pour inspirer les étudiantes.
>> Création d'une formation obligatoire sur les enjeux de la transition écologique, répondant à la quête de sens des futures ingénieures.
>> Mise en place des stratégies pour dépasser l'autocensure des femmes et favoriser la mixité des équipes, valorisée comme source de performance par les entreprises.
Source: Challenges

Initiatives et changements

Face à ce constat, des "Elles bougent", ainsi que des initiatives sectorielles, s'emploient à mettre en évidence la mixité dans les filières d'ingénierie. En proposant des modèles féminins inspirants, en sensibilisant les jeunes filles aux carrières scientifiques et techniques dès le collège et le lycée, ces programmes ont pour but d'équilibrer le nombre de femme et d'homme dans le secteur d'ingénierie.

Finalement, la route vers la parité dans les écoles d'ingénieurs est un chemin assez compliqué, mais l'augmentation de l'engagement des institutions, des entreprises et des associations sont optimistes pour modifier durablement les mentalités. En cassant les stéréotypes, en favorisant l'égalité et en créant un bon environnement pour tous et toutes, la France peut viser une ingénierie plus inclusive. La diversité dans les écoles d'ingénieurs n'est pas juste une question de justice sociale mais plutôt un chemin indispensable pour innover et maintenir la compétitivité.